RECHERCHES PUBLIEES (8 pages)
Extrait des Cahiers du Centre de Généalogie protestante
Bulletin n° 121, 1er trimestre 2013
RICHARD ONFRAY
ou les tribulations d’un Protestant inflexible
La famille Onfray est présente dans le pays de Lamballe, en Haute-Bretagne, depuis presque trois cents ans. La recherche des origines de la lignée s’est heurtée à des difficultés considérables en atteignant la première moitié du dix-huitième siècle. En effet, plusieurs générations étaient restées fidèles au calvinisme. Les persécutions auxquelles furent soumis les Protestants suite à la révocation de l’édit de Nantes en 1685 permettent de comprendre à quels obstacles se heurte le chercheur : une grande mobilité des familles et la destruction de nombreuses archives. Le parcours de Richard Onfray illustre à la fois ce qu’a été la vocation forcée à l’errance, fuite à laquelle étaient contraints nombre de Réformés, ainsi que la complexité d’en établir les repères. Tout en essayant de retracer l’itinéraire qui fut celui de Richard Onfray, j’ai choisi de relater les étapes de cette recherche compte tenu des aléas rencontrés en chemin.
Des pistes interrompues
A Lamballe
Le chemin vers mes ancêtres avait été interrompu une première fois, après la découverte de l’acte de mariage de François Onfray sieur du Bourg, mon sixième aïeul, avec Renée Marguerite Veillet demoiselle du Perronle 9 août 1740 à Lamballe, en la paroisse Notre-Dame. Aucune indication sur le lieu de naissance de ce lointain aïeul n’était mentionnée. François allait devenir, quelques années plus tard, sénéchal de la seigneurie de Langourla. Grâce à l’exhumation ultérieure de l’acte du troisième mariage, à Merdrignac de Noble Maistre François Onfray sieur du Bourg, avocat en parlement, originaire de la paroisse Notre Dame de Vitré, avec Demoiselle Elizabeth Ruello le 1° juin 1756, je pus parvenir à situer la ville de sa naissance. A Vitré, je réussis facilement à trouver son acte de baptême. Il avait été ondoyé le 10 janvier 1712, fils de François Isaac Onfray, marchand et de Perrine Théard. Ses parents s’étaient mariés dans la même paroisse, le 19 février 1708. Un fait allait se révéler d’importance. Le 3 février de la même année, François Isaac Onfray, âgé de vingt-six ans, avait abjuré la religion prétendue réformée. Puis, plus rien dans les registres de Vitré. L’obstacle était de taille. Car même les registres protestants de Vitré restaient
A Vitré
J’avais fait la rencontre de M. Pierre Halna du Fretay qui était un descendant de Louis Samuel Onfray, marchand, baptisé le 22 septembre 1688 à Argentré-du-Plessix dans la religion catholique, fils de Richard Onfray et de Marie Bedon. Il gardait une généalogie détaillée remontant à cette époque, et me relata que la tradition rapportée par son arrière grand-mère, Cécile-Marie Onfray, était que les Onfray avaient une origine irlandaise. Une réponse commode trouvée quelques générations plus tôt pour combler l’inconnu. De cette branche provenant de Louis-Samuel était issue une descendance nombreuse par les Kersaintgilly, les Raismes, les Hamel du Breuil de Brazay, les Bernard de Courville et les Compaing de la Tour-Girard. Je pus finalement établir que François Isaac et Louis Samuel étaient frères. L’acte de décès survenu à Vitré le 11 octobre 1751 de Jeanne Marie Onfray, quarante et un ans, fille de François Isaac et de Perrine Théard précisait qu’il avait établi en présence de Louis Samuel Onfray son oncle. François Isaac était donc aussi le fils de Richard Onfray et Marie Bedon. La piste s’arrêtait là.
Il restait à passer au peigne fin les registres protestants de Vitré. J’y trouvai la trace d’une Marie Onfray, seule à porter ce nom localement. Selon toute vraisemblance, elle était une parente de Richard. Elle avait épousé à une date inconnue Charles Bazin, maître écardeur. Le couple avait eu six enfants, entre 1660 et 1668. Marie était morte le 26 octobre 1672 dans la foi réformée. Il y avait bien une trace de Richard Onfray dans les registres protestants figurant le 12 novembre 1679, à l’occasion du mariage d’un certain Pierre Flandrois, de la paroisse de Mouchant (sic) en Poitou, avec Esther Yver de la paroisse de Monsegré, pays de Normandie. Cette dernière était fille de Jean Yver et de Jacquine Gallier. Avaient apposé leur signature Louis Bridonneau et Richard Onfray, parents et amis. Il s’avère qu’une des filles de Charles Bazin et Marie Onfray, Judith, avait épousé un Luc Bridonneau à Vitré le 9 septembre 1668. Nous étions en famille. J’avais bien tenté de m’assurer s’il avait existé des registres protestants à Mouchamps. Peine perdue. Quant aux registres protestants, ils ont disparu depuis longtemps, dans les successives tourmentes que nos premières églises ont traversé. (1) Il y avait par contre des sources à explorer en direction de Monsegré où subsistait la mémoire de la communauté protestante locale. Nous y reviendrons.
Le chemin de Blain
J’avais noté, à la lecture des recensions effectuées par l’Abbé Paris-Jallobert (2) que les Bridonneau avaient une connexion avec Blain. Le détail ne m’avait pas paru d’un grand intérêt. C’est l’extension des données mises en ligne sur internet qui devait me fournir un détail précieux. Il me fallut encore mettre à profit l’indication donnée par les registres
(1) B. Sarrazin, Etude sur l’église protestante de Mouchamps, manuscrit (Société d’histoire du protestantisme frnçais)
(2) Anciens registres paroissiaux d’Ille-et-Vilaine : Vitré, église protestante (Rennes, 1890-1894)
protestants dans l’acte de naissance de Judith à Vitré le 7 septembre 1685 (3) à partir de laquelle il apparaissait que ses parents Richard Onfray et sa femme étaient des gens du sieur Morel de la Barre, seigneur du château du Pinel. La découverte que celui-ci était un Huguenot de Blain, me fit faire un grand pas. La convergence de ces deux indices m’orientait vers les registres protestants de Blain. Une étude de l’église réformée de Blain avait été réalisée. (4)
Si Vitré était une place importante acquise aux Protestants grâce à l’influence des princes de la Trémoïlle, la seigneurie de Blain occupait une place particulière dans la Bretagne protestante puisqu’elle était au cœur des territoires sur lesquels s’exerçait la tutelle des Rohan. Au tout début du dix-septième siècle, le duc de Rohan était le chef du parti protestant dans le royaume. Il avait choisit pour résidence son château de Blain. Dans cette ville s’était regroupée une communauté protestante de deux cents à trois cents personnes. La construction du temple du Bottier en 1639 est due à sa fille Marguerite (5)
Parmi les proches de la duchesse se trouvaient les Morel, issus d’une famille d’ancienne noblesse d’Anjou. Gabriel Morel de la Barre avait été un des sept gentilshommes ayant porté les armes du duc Henri II de Rohan à son cortège funèbre en 1638 (6). Jusqu’en 1664, année de son décès, Gabriel Morel de la Barre exerça les fonctions d’intendant général de la Maison de Rohan et résidait au château de Blain. (7).
Les familles Bedon et Guillet
Le fils de ce personnage, François Morel de la Barre, prit à son service Isaac Bedon. Originaire de la baronnie de Mouchamps, autre possession des ducs de Rohan située en Poitou, le Protestant Isaac Bedon se maria au temple du Bottier à Blain le 5 novembre 1656 avec Suzanne Guillet. Elle était la fille de Mathurin Guillet, maître arquebusier, et de Sarah Le Vaneux. Isaac Bedon et sa femme, tous deux domestiques de M. de la Barre eurent sept enfants, tous baptisés au temple de Blain : Marie, Anne-Suzanne, Marguerite, Henri, Charlotte, Jeanne et Suzanne. Isaac Bedon entre au service de la duchesse de Rohan comme
(3) voir aussi : Le département d’Ille et Vilaine, publié à Rennes en 1927, par Paul Banéat : Argentré-du-Plessix.
(4) Jean-Luc TULOT Une communauté protestante rurale de Bretagne avant la révocation de l’Edit de Nantes : Blain. Saint-Brieuc, 2010.
(5) Op. cit.
(6) Frères Haag, La France protestante, tomme VIII, p. 499. Cité par Jean-Luc Tulot (op. cit.)
(7) Op. cit.
forestier. L’aînée de ses filles, Marie Bedon, naquit et fut et baptisée le 14 octobre 1657. Il eut été logique de trouver à Blain le mariage de Richard Onfray avec Marie Bedon aux alentours de 1680. Tel n’a pas été le cas. Pas plus que le baptême de leur fils François Isaac dont la naissance se situe vers 1682. Il est à remarquer que ne figure aucune trace de l’abjuration de Richard et de sa femme, non plus que celle d’aucune des cinq autres filles d’Isaac Bedon. Ce petit groupe familial avait réussi à s’éloigner de Blain en échappant à l’abjuration forcée. A l’inverse, les registres catholiques de Blain font état de l’abjuration de Isaac Bedon et de sa femme Suzanne le 25 novembre 1685, de même pour leur fils Henri et leur nièce Jeanne. Charlotte abjura à Pontivy en décembre 1685. Samuel Guillet, un frère de Suzanne, qui était marchand à Blain, est mentionné quant à lui dans la liste des huguenots émigrés à Londres en 1699 (8)
De Blain à Vitré
Les liens existant entre la famille Onfray et Blain sont confirmés par un acte de décès de la fin du dix-huitième siècle. Une fille de François-Isaac, Marguerite Jacquette Onfray née à Vitré le 19 janvier 1713, fut inhumée à Blain le 19 juillet 1779. Elle était l’épouse du sieur Jean-François Poulard. Huit ans plus tôt, avait été célébré à Blain le mariage entre Marie-Françoise Poulard leur fille, avec Paterne Pallois, capitaine général des Fermes du roi le 5 novembre 1771. La présence de cette branche dans cette ville permet de supposer que la famille Onfray avait conservé des rapports avec l’ancienne communauté des Réformés de Blain.
Les archives protestantes sont souvent incomplètes, quand elles n’ont pas été irrémédiablement perdues. Cette recherche illustre toutes les difficultés rencontrées dans ce contexte. Richard, dont le passage à Vitré est attesté en 1679, avait épousé une demoiselle de Blain, Marie Bedon, et avait probablement vécu dans cette ville de Blain au cours des années 1680. La répression due à la révocation de l’édit de Nantes le contraint à partir de nouveau. Grâce à la protection de François Morel de la Barre et de sa femme Marguerite de Farcy, Richard et Marie vont trouver refuge près de Vitré. Les Morel de la Barre avaient acquis la seigneurie du Pinel, en Argentré-du-Plessix en 1678 (9). Ils possédaient aussi à proximité le château de la Roche-de-Gennes. Richard et sa femme vivront quelques années au Pinel au service de M. de la Barre. Après 1688, leur trace est perdue. (10) Leurs enfants, François-Isaac, Judith et Louis-Samuel se fondent dans la communauté des marchands vitréens. Aucune mention de l’abjuration de Richard n’a pu être trouvée.
(8) W. et S. Minet : Registers of the church of Hungerford later Castle Street, H.S.Q.S. vol XXXI, 1928 p. 59. Cité par Jean-Luc Tulot (op. cit.)
(9) Familles protestantes de Haute-Bretagne au temps de l’édit de Nantes, Jean-Luc Tulot, centre généalogique de l’ouest, 1998.
(10) Richard était déjà défunt en 1755, ainsi que cela résulte de l’acte de sépulture de Louis-Samuel à Vitré le 9 avril 1755.
Au pays de Normandie
Antérieurement, j’avais établi l’existence d’un autre lien familial. A l’acte de baptême du fils aîné de François Onfray sieur du Bourg, Jean-François, mon quintisaïeul, né en 1741 à Lamballe, figuraient les signatures de Mathurine-Julienne et Louise Perrine Onfray Painnière ainsi que de h.s. (honorable sieur) de la Painnière Onfray. Cette famille de négociants était fixée à Guingamp depuis 1714 (11). Ils ne pouvaient être que des cousins de mes ancêtres, du fait de leur présence à cet évènement familial. Les Onfray sieurs de la Painnière ou Pesnière étaient suivis depuis Guillaume Onfray sieur de la Grulière en 1607, fils de Raoul, vivant à Fresnes et Monsegré. Ces deux localités sont limitrophes de Tinchebray. De religion catholique, ils comptaient parmi eux des avocats et des marchands de toiles. Ce nom de Monsegré était celui dont il était question dans l’acte de 1679 cité plus haut (in A Vitré). Cette convergence désignait un petit territoire marqué par une forte présence protestante.
D’où venait Richard Onfray ? D’après les registres protestants de Vitré, il apparait qu’il était lié aux Bazin, ainsi qu’aux Yver, noms étrangers au pays de Vitré, tout comme l’est celui d’Onfray. Les deux indices évoqués, à savoir la relation avec les Onfray de la Painnière et l’origine de l’épousée au mariage Flandrois-Yver de 1679 désignaient les localités de Fresnes et Monsegré (à présent Montsecret) en Normandie. L’histoire des Réformés dans ce terroir a fait l’objet de deux ouvrages de M. Jacky Delafontenelle. L’Eglise protestante de Fresnes comprenait six paroisses: Fresnes, Monsecret, Tinchebray, La Bazoque, Saint-Quentin-les-Chardonnerets, Saint-Pierre d’Entremont (12). La construction du premier temple de Fresnes date de 1611. Cette communauté a compté jusqu’à sept cents personnes au milieu de dix-septième siècle. Trente-huit patronymes y sont dénombrés. Les Bazin, Onfray et Yver figurent en bonne place parmi les familles protestantes connues à Fresnes (13). S’agissant de ces trois familles, nous avons affaire à ce que l’on pourrait appeler un véritable génosystème, terme pouvant se définir par un groupe humain (Bazin, Onfray, Yver), concerné par l’unicité d’une même localisation d’origine (Fresnes) et d’un même lieu de migration (Vitré), unis par une même appartenance (la religion réformée, communauté religieuse minoritaire) et exerçant des activités proches (métiers de la toile, emplois de confiance).
( 11) La généalogie de cette branche nous a été communiquée par M. Thierry Le Huerou-Kerisel avec le concours du centre généalogique de l’ouest. De cette branche est issu le chanoine Onfroy-Kermoalquin, historien de la ville de Guingamp. Quant au lien avec les Onfroy ou Onfray du Bourg, armateurs à Saint-Malo, il reste à préciser.
(12) Les Protestants du bocage normand, par Jacky DELAFONTENELLE, 416 pages, Editions du petit chemin, 2007 (page 122).
(13) Les Protestants de Fresnes, par Jacky DELAFONTENELLE, 598 pages, chez l’auteur, 2010.
Les Onfray exercent à Fresnes les activités de marchands de toiles, de tisserands et même d’horloger. Les registres protestants n’ont pas été conservés, à l’exception des années 1668 à 1670. Les autres informations disponibles sont des actes notariés et les registres catholiques. Un acte a retenu notre attention. Il s’agit du contrat de mariage en date du 23 février 1648 entre Daniel Yver, fils de Charles Yver et de Gillette Bazin, avec Judith Onfrey, fille de défunt Thomas Onfrey et de Catherine Fossard, tous de Fresnes, « qui au plaisir de Dieu, sera fait en la religion prétendue réformée », acte fait en présence de Charles et Jean Yver, frères de David, Jean Chauvin, beau-frère, Catherine Fossard mère, Raoul Leconte, Charles Bazin, Jacques Bazin, Jacques Bazin père et fils, Jérémie Onfrey. (14) Figurent à cet acte les noms de Charles Bazin et celui de Jean Yver déjà rencontrés (voir plus haut A Vitré), en rapport avec la famille Onfray, à savoir Richard d’une part, et Jérémie à Fresnes d’autre part.
Jérémie Onfrey ou Onfray était né vers 1620. Marchand de toiles, et ancien de l’Eglise réformée de Fresnes, il avait épousé vers 1640 Judith Duchemin et finira par abjurer en 1685. Il a notamment pour enfants David, époux Judith Bazin, dont une fille, Anne, épouse Pierre Briand ; Daniel, époux Louise Yver ; Anne, Gilles et Jacques (15). Plusieurs d’entre eux émigrent à Londres. Jérémie pourrait très vraisemblablement être le père de Richard, qui avait du naître aux alentours de 1650. (16)
(14) J. Delafontenelle, Les Protestants de Fresnes, op. cit. Page 574, source : AD Orne 4D 80/33 p. 254-255.
(15) Id. page 344
(16) Plusieurs chefs de famille protestants nommés Onfray vivaient à Fresnes.
Concernant David Onfray, frère de Jérémie. Marchand de toiles lui aussi, époux de Madeleine Yver, il était père d’une fille prénommée Judith. Celle-ci aurait pu être l’ Honorable fille Judith Onfray âgée de plus de soixante ans mentionnée dans les sépultures de Vitré le 6 juillet 1714. Mais elle épousa en 1665 Jean de Vere, dont elle eut plusieurs enfants. Il nous parait improbable que ce soit la même personne.
Concernant Thomas Onfray, mentionné dans l’acte de 1648 Epoux de Catherine Fossard, il était le père d’une fille prénommée Judith, qui épousa Daniel Yver. Mais Thomas était déjà mort en 1648.
Concernant Richard Onfray, habitant à la Queue de Fresnes Ce cousin de David et Jérémie était horloger et collecteur de taille. Il fut arrêté en 1699 et condamné aux galères pour crime de relaps, après avoir organisé un prêche dans sa maison en dépit de son abjuration. Il est considéré comme un confesseur qui échappa au martyre. Il était l’époux de Marie Lelièvre, et père de Thomas, Louise et Gilette. Il ne semble pas qu’il ait eu d’autre enfant.
De Jean Onfray, un autre homonyme, père de Daniel et de Jacques, qui abjurent tous trois en 1685, nous ne savons rien.
Les chefs de famille de l’église protestante de Fresnes sont tous parents au demeurant. Les Onfray protestants sont évidemment issus de la même souche que la branche catholique présente à Fresnes. Leurs propriétés et maisons (la Grûlière, la Pesnière pour les catholiques, la Queue de Fresnes pour les Protestants) étaient très proches. Selon Jacky Delafontenelle, cette famille était représentée seulement par Jehan Onfrey à Fresnes en 1464, ancêtre commun des branches protestantes et catholiques (13).
L’exercice du culte réformé est interdit par le roi dans le diocèse de Bayeux et la démolition du temple de la Torrière situé à Fresnes est ordonnée en mai 1679 (17), prélude à l’oppression organisée contre les adeptes de la R.P.R. Le départ de Normandie de Richard Onfray peut être daté de ce temps-là.
Un autre élément est à prendre en compte. A la suite de la fuite à l’étranger de plusieurs membres de la famille, leurs biens situés à Fresnes sont confisqués et mis sous séquestre (18). Ils étaient revendiqués par les consorts Postel, cousins des fugitifs (19 ). Il est à noter que David Bazin, fils de Charles Bazin et de Marie Onfray, avait pour épouse Marie Postel, dont il eut neuf enfants nés à Vitré entre 1665 et 1685.
En guise d’épilogue
Fuyant les vexations et les persécutions auxquelles sont soumis les Protestants dans le pays de Tinchebray, Richard, à la faveur de connexions familiales prenant appui en Bretagne, rejoint vers 1680 l’église protestante de Blain soutenue par les Rohan. Il épouse une Huguenote de cette communauté mais est contraint de nouveau au départ lors de la révocation de l’Edit de Nantes en 1685. Il rallie Vitré, sous la protection de la famille princière de la Trémoïlle. Sa trace se perd après 1688. Le fait de ne pas trouver mention de sa sépulture peut
(17) Les Protestants du bocage normand Op. cit.
(18) (…) biens ayant appartenu aux sieurs Onfray, Postel et Briand, religionnaires fugitifs, situés en la paroisse de Fresnes, consistant en maison , plants de pommes et poires, prés et terres labourables (…)_ Biens en régie. Archives nationales E 2503.
(19) Lettre à l’auteur de cet article de M. Jacky Delafontenelle datée du 25/10/1985 : Jean et Louis Postel, tous deux fils de Jean, ainsi que Jean et Thomas Postel, tous deux fils de Thomas, réclamaient dès 1703 la propriété de ces biens.
laisser penser qu’il refusa jusqu’au bout d’abjurer sa religion. Il restait fidèle à la foi des siens, aussi inflexible que nombre de membres de sa famille, toiliers du Bocage normand. Un des arrières petits-fils de Richard, Jean-François Onfray sieur du Perron, ancêtre direct de l’auteur de ces lignes, en épousant Françoise Guérin à Plénée-Jugon en 1777, s’unissait à une descendante de plusieurs lignées protestantes de l’Eglise réformée de la Moussaye, un îlot de ferveur protestante en Bretagne (20). Ce fait atteste une fois encore, d’une solidarité entre anciennes familles protestantes, devenues pourtant extrêmement minoritaires dans une Bretagne soumise à un culte uniforme.
Claude-Guy Onfray
(20) Livre des baptêmes, mariages et mortuaires de l’Eglise réformée assemblée à la Moussaye en Plénée-Jugon, depuis l’an 1619 jusques en l’an 1683, par Claude-Guy Onfray, Editions Res Universis, 1992.
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